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Réseau d'échange des savoirs de Trouville la Haule

01 Jul

ECHANGE ECRITURE 28-06-2021

Publié par Vice versa

Toujours en visio nous avons fait un échange ecriture sur le thème suivant : son histoire n’est pas la mienne et sur la description d'une coincidence.

puis en live nous avons planché sur

Exercice : Imaginez un dialogue entre animaux 

Voici nos oeuvres :

 

Angela : son histoire n’est pas la mienne, juin 2021

 

L’histoire que raconte mon ami Pierre n’est pas la mienne. Quant à moi, je vois les choses d’une autre manière. Pour lui, elle est morte à la mer, et repose sur le fond de l’océan, parée d’un collier en or et des boucles d’oreilles nacrées, ses beaux cheveux roux enroulés autour de son corps comme une offrande à Neptune. Depuis trois cents ans, elle gît là, dit-il, avec les autres victimes de l’épave du négrier. 

Mais pour moi, la belle rousse Louise est vivante. Car je la vois, cette créature, tous les jours, et surtout les matins quand elle erre dans les bois. Elle surgit de la brume et les rayons du soleil illuminent ses cheveux cuivrés qui se déversent sur ses épaules comme un ruisseau doré. J’ai appris à rester immobile dès qu’elle apparaît, car elle a tendance à fuir. Elle se faufile entre les arbres d’une fluidité étonnante, fredonnant une mélodie comme la pluie matinalequi caresse les feuillages, et en même temps elle serre quelque chose avec ses bras contre sa poitrine comme si elle garde là le secret de sa vie. Parfois elle est présente les après-midi, car j’entends cette même mélodie à travers les arbres qui monte ensuite jusqu’à la cime des arbres pour disparaître tout doucement dans les nuages. 

« Il n’y avait que deux qui ont survécu pour raconter l’histoire, me raconte Pierre. Charles Minet, le chirurgien, et le capitaine, un certainTitus Blocher.   Minet a attendu la mort de Blocher pour raconter son récit, carson Blocher était un vilain homme qui l’aurait tué s’il avait su que Minet avait agi derrière son dos. Blocher était un négrier pour qui tout homme, noir ou blanc, n’était qu’un animal pour lui servir. »

Ainsi, Pierre m’a fait entrer dans son histoire.

La jeune femme rousse mendiait au port de La Rochelle. Elle était sur le quai, tout près du navire négrier chargé d’armes à feu, de lingots de plomb, de vin et de la pacotille pour faire le troc avec les Africains, et les matelots appareillaient le navire pour un départ imminent. Elle portait une jupe en chanvre, une chemise de coton ; ses cheveux roux, crépus et épais étaient emmêlés en nœuds comme les cordes du gréement des navires, et son visage était pâle ; elle avait de grands yeux gris, les joues mouillées de larmes et ses lèvres étaient bien charnues. Les marins sur le pont du navire la mataient. Parmi eux il y avait quelques nègres qui auront fait de même s’il n’y avait pas eu le premier lieutenant dans son chapeau à rebord déformé et ses bottes, qui maniait son fouet.

Elle tend le bras quand Minet et son capitaine passent. 
Les deux hommes ont rendez-vous avec l’armateur sur le pont du navire pour faire le point sur les conditions sanitaires à bord. Le capitaineBlocher ne la voit pas entre les portefaix, les crocheteurs et les voituriers qui courent partout, entre les chiens qui aboient et les ouvriers qui se fraient un chemin sur les pavées avec leur brouette chargée de tonneaux. Non, Titus Blocher avec son bouc en point et rabat en dentelle sur ses épaules est trop occupé à se pavaner vers son navire qu’il va diriger en quelques jours, vers son navire où ses matelots grimpent les mâts d’une agilité étonnante. Bientôt, une fois le commerce fait avec les Sénégalais, ses matelots auront plein de nègres bien musclés pour leur aider, plein d’esclaves noirs pour gréer les voiles et fixer les mâts en route pour les plantations en Amérique.

 

 

Minet par contre a remarqué la jeune femme rousse et s’est attardé sur le quai. Il a remarqué les lèvres charnues toutes moites et sensuelles, les beaux yeux gris qui lui rappellent la mer, et les larmes. Il hésite un moment, se retourne, vérifie que son capitaine est loin. Son capitaine est déjà en train de monter le navire. Minet glisse sa main dans sa poche où il y a un louis d’or et des écus d’argent. Il sort son louis d’or et le lui tend. 

 

Elle s’accroche à sa main ; elle ne prend pas le louis. Le louis tombe. Elle l’ignore. Elle tient la main de Minet et le regarde droit dans les yeux.

« Emmenez-moi avec vous sur ce navire, murmure-t ’elle.

Sa demande lui coupe le souffle. L’emmener sur le négrier ? Il l’aura donnée plusieurs louis, mais emmener une femme sur le navire ? Impossible. Mais la main de cette belle femme est diablement faite pour pouvoir serrer si fort.

              Il balbutie. “Mais… vous vous trompez. Et, on ne part pas toute de suite.”

“Me tromper ? Non, je ne me trompe pas, je sais que vous partez après-demain. Je vous en supplie. Il faut m’amener. Je me cacherai, je me déguiserai, je ne ferai pas d’histoires.” Elle lui lâche la main.

Il s’abaisse, reprend le louis et l’offre encore. Mais elle ne le veut pas. Ses chaussures sont en lambeaux, il voit la chair si blanche et lisse de son petit pied et ne sait plus quoi faire. Elle le supplie ; mais sa demande l’effraie. Cependant il est néanmoins intrigué. Il s’approche d’elle, la regarde de près. Elle a une peau de porcelaine, elle a la poitrine généreuse ; s’il la fait passer à bord en clandestine, ce ne sera qu’une question de temps avant que le capitaine ne la découvre.   Mais en faisant attention, peut-être… Ensuite, une fois arrivés en Amérique, ils pourront s’échapper tous les deux et il la prendra pour lui. Finalement il prend sa décision.

“Je reviens demain, et on parlera de votre déguisement.”

Le lendemain il lui achète des chaussures. Il achète aussi un collier en or et des boucles d’oreilles nacrées appariés à la couleur de ses cheveux et sa peau et qu’il va garder jusqu’au jour où il la prendre pour lui, en Amérique. Ensuite il retourne au même endroit sur le quai pour la trouver. Mais dès qu’il la voit, il hésite encore. Elle était trop belle ; c’était trop risqué. Mais il lui tend les chaussures. “Tenez, dit-il. Mais savez-vous ce que vous risquez sur un négrier ?”

Elle balaie la main de Minet en dégoût et les chaussures tombent par terre. “Vous ne comprenez pas. Sur ce navire y’à mon homme. Regardez, là-haut, dans les haubans, voyez-vous, mon homme, Zaou. Et ce lieutenant avec son fouet, il le traite comme l’esclave qu’il était autrefois. MonZaou. Je ne peux pas vivre sans lui. On travaillait chez le maître drapier, vous savez, rue des Merciers. On était domestiques tous les deux. Mais on nous a trouvés dans le sous-sol, c’était notre secret : notre amour. Et on l’a fouetté, on l’a tellement fouetté et puis on l’a revendu aussitôt, mon Zaou, vendu à votre patron pour travailler sur le négrier et maintenant il part je ne sais où et je ne peux pas vivre sans lui. Mon patron m’a mise dehors, vous savez, car une blanche avec un nègre, ça non, ils ne comprennent pas, jamais ; ne veulent pas comprendre. Ne savent pas ce que c’est l’amour.   Faut que vous m’emmeniez, M’Sieur. Et puis, et puis, une fois là-bas, vous pouvez nous acheter du capitaine…”

“Acheter ?”  Minet a failli perdre la parole. Il reste ébaubi quelques secondes. Il réfléchit.   L’idée, il fallait l’admettre, était originale. Ensuite il reprend. “Vous voulez que je vous achète, tous les deux ? Mais, et il cherche ses mots, je n’ai pas de l’argent pour acheter des esclaves. Jene suis que médecin. Et puis si Zaou est fort, mon patron ne le vendra pas, il le gardera pour lui. Ou il le revendra pour travailler dans ses champs de coton, de canne à sucre… je ne sais pas.”

“Je viens avec vous, votre navire part demain et je viens avec vous.” Elle se lève.

“Il faudrait bien vous déguiser. Il recule.

Le lendemain, le jour du départ, il ne la voit pas sur le quai. Il cherche partout, entre les voituriers et les travailleurs du port. Jusqu’à ce qu’il sente quelqu’un tirer sur sa veste. Il se retourne, et voit un jeune matelot aux lèvres bien charnues, la peau tachée de brun. Le matelot lui sourit.   ‘Voilà, mon déguisement est fait. Emmenez-moi,’ dit-elle.

*

‘On ne saura jamais pourquoi le navire s’est coulé, me dit Pierre en me racontant son histoire. Peut-être y a-t-il eu un orage ? Mais on l’a trouvé dans un des bras du Mississippi, près du Golfe. Comme je l’ai déjà dit, Minet a pu s’échapper avec le capitaine pour raconter l’histoire. Le lendemain Minet est retourné seul en cachette à l’endroit où le navire s’était effondré. Et il l’a trouvée, cette belle femme rousse. L’eau avait lavé la suie de son visage et sa peau toute blanche luisait, ses cheveux étaient redevenus rouges, rouge vif comme le coucher du soleil dans ces pays là-bas. Sa chemise était déchirée et, en dessous, le drap dont elle se servait pour camoufler sa féminité tenait bien. Il détache le drap et libère sa poitrine. Ah, qu’elle était belle.  En la regardant il remarque sur son ventre une petite bosse. Comment se tromper.  Il était médecin, il ne pouvait pas se tromper : elle était enceinte. Oui, la femme secrète de Zaoul’esclave nègre était enceinte.

Il sort le collier en or de sa poche et le met autour de son cou. Ensuite il met les boucles d’oreilles nacrées sur chaque lobe. Et il l’embrasse ; il embrasse ses cheveux, son visage si pâle, ses mains et ses pieds ; et après cela il embrasse le bébé dans son ventre. Il la prend dans ses bras, la pose sur l’eau et la laisse partir, avec le courant du fleuve, retrouver son Zaou.

 

Épave du dernier négrier Clotilda, retrouvé aux États-Unis en 2018, naufragé en 1860.

 

 

Angela. Rencontre entre la puce et le chat. 28 Juin 2021

Le défi

  • Aha ! dit la puce. Vous n’aimez pas que je vous chatouille, là, dans ton oreille. Laisse — moi un peu me régaler de vos veines, de votre sang, ici.
  • Hé ho, va-t-on ! dit le chat, en sursautant sur son canapé.
  • Kay, okay, pas là d’accord. Je vais ici, plus bas.
     

La puce s’installe dans la forêt de la fourrure du chat, s’aplatit et se faufile entre les poils pour arriver jusqu’à la peau et les veines plein de sang bien chaud.

  • Mais va-t’en !
  • Oh, ce n’est pas comme ça qu’on me chasse. T’es bête. T’as de griffes, je sais, mais moi aussi j’ai des griffes, tu ne le savais pas ? Mieux que les tiennes, plus efficaces à l’occurrence ; car je sais m’accrocher. Je sais frayer mon chemin entre tes poils, tu ne pourras jamais faire ça, t’es trop grand. Mais tu penses que tu es le meilleur avec tes jambes à sauter dans les arbres, sauter sur ta proie. Moi… – regarde mes jambes !

Le chat met ses lunettes. En effet, il voit les jambes très longues de la puce, des jambes articulées. Tout d’un coup la puce saute très vite et très haut et le chat ne voit pas où il a atterri. Mais, se dit-il, je sais sauter beaucoup plus loin qu’une puce ; très loin même. 

  • Et si on faisait une course à pied — à sauts ? Propose la puce. Je te jure que je suis un vrai rival…

Le chat sourit. Mais il réfléchit au défi de la puce si minuscule. Pourqu’une compétition de saut en hauteur soit juste entre les deux, ne fallait-il pas calculer le ratio de taille de chacun pour pouvoir mesurer qui saut le plus loin selon sa morphologie ? Ce sera plus juste, allons. Après tout, la puce est légère, toute petite, et le chat beaucoup plus grand ; c’est évident qu’il — le chat — sautera beaucoup plus loin et plus haut que la puce. Mais tant pis, se dit-il, ce n’est qu’une puce ; pourquoi je m’inquiète pour elle ? Elle ne comprendra pas mes pensées généreuses. Et donc tant mieux pour moi. 

La puce, quant à elle, réfléchit à sa manière. Elle ressent la chaleur derrière les oreilles du chat — c’est la façon dont les puces écoutent — et elle entend les pensées du chat. Stupide, se dit-elle. Elle s’en fiche de ses calculs interminables ; il y a une façon très facile pour sauter plus loin. Après tous, se dit-elle, je n’ai que me mettre sur sa tête et je m’accrocherai et une fois qu’il aura atterri, je sauterai en avant et comme ça je finirai toujours en avant.

Mais le chat ne saute pas. Il hésite. Mais où tu es ?  dit-il. Je ne te vois pas.

  • C’est parce que tu n’as pas tes lunettes, » dit la puce. Suis là, à côté de toi. Saute, saute. Non, non, ne mets pas tes lunettes, ils vont tomber. Faut juste sauter !

Le chat saute, la puce s’accroche. 

  • Et puis voilà, c’est moi qui gagne ! » dit la puce en sautant de la tête du chat pour être bien devant lui.
  • Et je suppose qu’on doit donc vous croire ? » dit le chat, en haussant ses épaules. C’est nul ton jeu. T’es trop petit, personne ne te voit. 

Le chat tourne le dos, ayant honte de se laisser entraîner dans le jeu. Mais où le diable ai-je laissé mes lunettes, se dit-il. Ses maudites puces, je les aurai un jour. 

Texte de Carmen 

Atelier d’écriture du 28 juin 2021 

Atelier écriture 28 juin 2021

 

Son histoire n’est pas la mienne

 

Maria, une femme qui ne faisait pas son âge, jolie aux cheveux argentés, se trouvait face à la fenêtre, plongée dans ses pensées…« Depuis je ne peux  pas dire combien de temps, je ne me sens pas la même, parfois . Ma tête me joue des tours, je ne comprends pas toujours ce qu’il m’arrive, comme si c’était un rêve et que j’étais une autre donc son histoire ce n’est pas la mienne. Voilà mon problème,comment savoir quelle est vraiment mon histoire si je n’arrive pas à saisir la réalité,c’est à devenir fou.  Je suis dans une impasse, dans un labyrinthe mental où personne ne peut me venir en aide puisque, pour pouvoir tout leur expliquer,il me faudrait d’abord pouvoir me comprendre moi-même et malheureusement ce n’est pas le cas. Dans ma tête, la confusion existe à tel point que je ne sais même pas qui je suis, on dirait qu’il y a deux personnes en moi. Est-ce que mon histoire est celle de l’autre ou bien que celle de l’autre est la mienne ? »Maria continuait à regarder par la fenêtre… «  à vrai dire, si je suis sûre d’une chose c’est que je ne suis plus chez moi, cette chambre n’est pas la mienne et je ne connais pas ces gens qui sont avec moi. Mais, parfois, je me retrouve chez moi et tout à coup,à nouveau, je me retrouve dans cette chambre. Finalement,  je me rends compte que son histoire n’est pas la mienne »

 

 

 

 

L’âne et la mouche

 

Tranquille dans son pré, l’âne se promène, tout beau, son pelage gris moucheté de taches blanches ressort sur le vert de la haie et de l’herbe. Avec ses yeux tout ronds, il regarde tout autour de lui et voilà, comme d’habitude, un groupe de mouches qui arrive tout droit vers lui pour l’embêter. L’âne, pas content, les interpelle… «  vous voilà encore, qu’est ce que vous venez faire là, allez-vous amuser ailleurs, je ne veux pas vous avoir sur mon front et dans mes oreilles, ça commence à bien faire ».

 

Une de mouches n’écoute pas l’âne, elle se met à tourner devant lui pour l’agacer de plus en plus et, en s’approchant de son oreille, elle lui dit « allons, allons, sois plus accueillant, on est là pour te rendre plus heureux, pour que tu ne sois pas tout seul, tu vois bien qu’on vient pour te tenir compagnie ! »

 

- Compagnie ! dis-tu ? Ça ne va pas ? Tu ne connais pas le dicton « vaut mieux seul que mal accompagné ? » fais-moi plaisir, va-t’en !

 

–Quel ingrat cet âne, se dit la mouche, tu vois bien que nous sommes là pour te faire de petites chatouilles. Même pas un merci et, en plus, tu nous chasses.

 

– Chatouilles, chatouilles, reprend l’âne, je m’en passerai bien de vos chatouilles qui plutôt me dérangent et me rendent nerveux, m’obligeant me gratter, à bouger sans cesse mes oreilles et mes paupières afin de vous faire partir. Alors, laissez-moi moi tranquille, partez embêter les arbres, eux au moins ne vous sentiront pas, car leur écorce est plus dure.

 

– Penses-tu, mon pauvre âne, pour nous c’est bien mieux d’être avec toi, ton beau pelage est bien plus doux pour nos petites pattes fines !

 

L’âne en avait assez de cette conversation et, d’un seul coup, il sauta par dessus la haie pour aller se jeter dans la mare d’à côté et plouf dans l’eau, la tête la première. Les mouches s’envolèrent et, enfin, l’âne se sentit réconforté. La mouche, en partant, pour avoir toujours le dernier mot, lui dit en criant «  t’n’inquiètes pas l’âne, nous serons toujours là pour toi, on reviendra ! pour te tenir compagnie ! »

Texte de Sylvie Cabesty

CHé point ma vie cha ou Tatave

Tatave est assis sur un banc à la terrasse du bar-tabac le Celtique, place Nicolas Selle, nom donné en hommage au premier armateur de terre-neuvier.

En fait, cette place, comme tout à Fécamp a été surnommé le « Bout Menteux », pour tout vous dire et je laisse le soin à votre imagination de traîner de bar en bar, de marin en marin entre deux campagnes de pêche pour en apprécier l’exactitude.

Donc Tatave est assis là, le nez au vent, la bouffarde à la bouche, entre le quai Bérigny et le quai de la Vicomté, au cœur de la vie maritime.

Les goélands argentés scandent leurs cris piailleurs et zèbrent le ciel gris blanc de la cité maritime, à la recherche du moindre détritus.

Tatave, Gustave de son nom de baptême maugrée et déblatère à Riton qui est venu le rejoindre :

« Dis-le Riton, te rends-y pas compte qu’à 55 ans, me v’là condamner à rester à quai aveuc un » salaire de misé. si c’est pas un’honte de vé cha, mé qu’est embarqué, tout minot à l’âge d’ 14 ans, y t’es ça t’fais pas drôle itou… ? et de rajouter :

Ch’est point ma vie, cha, ch’est point Dieu possible.

L’Riton d’intervenir :

“allez mon Tatave, faut pas t’mettre la rate au court-bouillon comme Cha, j’va nous commander eun » pt’te goutte, cha va t’remettre les idées en place”

Tatave réajuste sa casquette qu’il avait de guingois, sous le coup de l’émotion, et poursuit :

«  Dire qu’avions tant travaillé, essuyé les coups de vent, haler les morues,, taquiner le hareng, pêcher la coquille Saint-Jacques, partis en mer un’bonne les 2/3 del’année, faudrait qu’on reste avec la patronne toute la sainte journée. Ch’est pas eun’place pour un homme, cha, j’sieu encore ben vert malgré l’usure du grand large.”

«  Tatave, t’exagères, pas un brin ?, tu peux pu arquer, t’es plein d’arthrose. Je comprends ben que c’te diablesse de mer t’ manque, mé tu vas ben finir par t’habituer.

La cité bénédictine a enco des lopins d’terre à louer, t’as qu’à en prende » un aveuc mé. cha t’occuperas et complétera l’potage, pas vrai ?”

Tatave devint rouge cramoisi, il fulminait :

«  Quoi, tu veux m’transformer en bouseux, jamais d’la vie. Moi j’sieus Gustave, arriè, arriè p’tit-fils, petit fils, fils de pêqueux et je mourrai grand pêqueux devant l’éternel”

L’assistance qui avait entendu le ton de la conversation montée s’était attroupée autour des deux marins et devant la grandiloquence de Tatave s’était mise à éclaterde rire. Ce fut un électrochoc pour Tatave, il les regarda le regard courroucé. Un grand silence enveloppa la place, et les passants frissonnèrent d’effroi.

Il se leva sans mot dire, le dos voûté, la pipe à la bouche, il se dirigea vers le quai de la Vicomté, le long du bassin devenu havre des plaisanciers. La foule lui fraya un passage avec respect.

Il marcha au rythme des cliquetis des mâts des bateaux en direction de la mer.

Un peu plus loin, on l’entendait murmurer : “c’hest point ma vie cha, ch’est point ma vie.”

Sylvie Cabesty

 

 

http://www.famille-bretet.net/images/Marins50_small.jpg

PLACE NICOLAS SELLE AUTREFOIS - FECAMP

 

Le bassin Bérigny à Fécamp colonisé par les coquillards caennais

 

Exercice : Imaginez un dialogue entre animaux

Juin 2021-06-28

                                           La Mouette et  l’Ibis

Par un après-midi de Mars,

À la Grand-Mare au Marais Vernier,

Par un plus grand des hasards,

Barbotaient de concert,

Un ibis sacré et une mouette tridactyle.

L’ibis sortit de l’eau, s’ébroua, se redressa,

Sur l’herbe aux trèfles dorés.

La mouette se rapprocha

Et de sa voix railleuse lui lança :

« Alors, comma ça, Dame Ibis prend froid,

Que venez-vous faire dans nos contrées ?

Gente Dame au cou déplumé,

Pourquoi avoir quitté votre Egypte sacrée ? »

Dame Ibis ne répondit pas, les plumes se lissa,

Ignorant les sarcasmes de la mouette.

L’Oiseau reprit de plus belle :

« AH !, Dame Ibis se prend pour une royale créature,

dédaigne ses congénères,

Ou dame Ibis n’entend rien  au langage commun ? »

L’ibis finit par sortir de sa réserve et déclama :

« Qui de nous deux est la plus étrangère ?:

Vous fille des falaises et du grand océan ou moi, Reine des pays chauds.

Ne sommes nous pas toutes deux assises sur le même marigot ? »

Et sur ce, elle rentra son bec, qu’elle avait fort long sous son aile

Et montra son derrière tout sacré qu’il était

À la mouette offusquée.

 

Sylvie cabesty

Sainte-Opportune-la-mare

texte de Patricia R

COÏNCIDENCE ..histoire vraie

Mélanie est mon amie ; rondelette aux yeux très bleus, elle est très jolie.

Je l’ai connue lorsque je travaillais dans une grande entreprise de marquage au jet d’encre. Elle était au service courrier et moi à la compta.

Tous les matins à la machine à café on refaisait le monde et critiquait tous les collègues en rigolant surtout sur nos supérieurs.

Le midi on mangeait à la cantine de l’entreprise

On s’isolait et continuait nos galéjades sur Pierre, Paul, Jacques, ça nous détendait

Un jour, elle fut chargée de former un beau gosse venu faire un stage.

Il s’appelait Akim, il était magnifique.

Elle était célibataire, lui aussi, alors très vite la journée du stagiaire se terminait le soir au domicile de Mélanie.

Elle tomba rapidement amoureuse.

Au café, elle me faisait participer à leurs ébats en me racontant tout en détail. C’était drôle.

Le mois de stage fini, Akim amoureux également, se mit en ménage avec elle.

À la cantine, Mélanie ne me parlait plus que de lui. Fini les cancans sur le directeur et sa secrétaire, il n’y avait plus que le sujet « Akim love » qui meublait notre repas.

Elle me faisait part de leurs projets et de toutes ses preuves d’amour :

<<maintenant qu’il bosse, il m’a offert une bague. Il me parle mariage. Il veut un bébé >> disait-elle avec des yeux pétillants.

Je lui souriais, mais au fond de moi, j’étais septique ; je trouvais cela rapide.

Les mois passaient et je trouvais qu’elle fumait et buvait du café de plus ; elle semblait stressée.

Inquiète, un midi je lui demandai : << y a un souci avec Akim, tu me parais contrariée ? >>

—Oui je suis inquiète, Akim ne me touche plus et prend une douche tous les soirs en rentrant du boulot.

– Hou la la : douche le soir liaison dans le tiroir ! dis-je en rigolant

– ça ne me fait pas rire, je pense vraiment qu’il me trompe !

– ben, quitte-le ! T’embête pas avec un trompeur ! m’exclamai-je

—mais je l’aime trop ! répondit-elle les larmes aux yeux.

– quitte-le, il va te faire souffrir, insistai-je.

– je ne peux pas, je suis enceinte d’un mois

– tu lui as dit ?

– Non j’attends le 3e mois pour être sûre qu’il va tenir.

Perplexes, nous regagnâmes notre bureau sans avoir de solution au problème.

Le lendemain Mélanie ne vint pas travailler, ni la semaine suivante.

Inquiète je lui téléphonai : <<Allo Mél ! tu es malade ? Pourquoi ne viens-tu pas au boulot ? >>

D’une voix pâteuse et engourdie, elle me répondit : <<laisse-moi tranquille Pat, je veux plus vivre, il m’a quitté, il m’a frappé, car je lui ai dit qu'il me trompait, je n’ai plus envie de rien laisse moi >>puis elle raccrocha.

Affolée je pris mon après-midi et fonçait chez elle.

Sa voiture n’était pas sur le parking, il n’y avait pas signe de vie. Sa voisine me voyant tambouriner sur sa porte me dit : << Madame Brunel est partie chez sa mère. Elle m’a demandé de soigner son chat et ses plantes.>>

<<ouf je suis rassurée dis-je en me calmant. Je connais bien sa mère elle va savoir quoi faire, elle est en sécurité. Merci pour les infos et prenez bien soin du minou.>>

Le lendemain, chez Vjet nous recevions la lettre de démission de Mélanie.

Je laissais de nombreux messages sur sa boîte vocale, mais elle ne me contactait plus.

Huit mois passèrent et un jour, un numéro inconnu laissa le message suivant sur mon répondeur.

Coucou, c’est Mélanie, je suis à la maternité. Pardonne-moi pour ses longs mois de silence, je voulais tout oublier et me consacrer à mon bébé. Il m’arrive une chose étrange, je suis terrorisée, viens me voir à la mater des 2 chênes de Montrouge. Pardonne-moi ma Patou et viens, je t’en prie.

Le soir même à 17 h 30 la Patou était à Montrouge.

Je demandai la chambre de Mme Brunel et les bras chargés de fleurs, je pénétrai dans la chambre qu’elle partageait avec une autre jeune fille. Je déposai mes roses sur la table.

Mélanie, se leva et me serra dans ses bras en pleurant puis m’invita à aller au rez-de-chaussée boire un café.

– Tu ne devineras jamais ce qui m’arrive ? dit-elle pressée de se confier.

– Dit vite!

– tu as vu la fille qui partage ma chambre ?

– Oui répondis je, pressée et intriguée

– bien, figure-toi que cette femme attend un bébé d’Akim..

– Ce n’est pas possible comment ça, ce peut ? comment l’as-tu su ?

– C’est une horrible coïncidence. Tu sais combien je suis bavarde et curieuse alors j’ai passé sans le vouloir cette jeune fille au grill de mes questions.. Du coup elle m’a raconté sa vie et voici ce qu’elle m’a appris << j’ai rencontré le père de mon enfant y a 1 an et tout de suite ça à collé fort entre nous. Je ne prenais pas la pilule alors je suis tombée de suite, enceinte. Je lui ai dit que je pouvais avorter s’il le voulait, mais il a caressé mon ventre et m’a dit de le garder. Il a quitté pour moi sa famille et son quartier.et voilà, je suis là aujourd’hui comme des millions de femmes à attendre l’accouchement de notre enfant, c’est un garçon je vais l’appeler Akim comme son père>>

Akim ! à l’écoute de ce prénom mon sang n’a fait qu’un tour << tu as une photo de lui ? ai-je demandé>>.

Elle a fouillé dans son sac, m’a tendu un cliché et j’ai reconnu mon Akim. Nous étions enceintes du même homme et nous accouchions dans la même clinique ; le destin était cruel.

Depuis cette confession je ne dors plus. J'ai peur de le voir pénétrer dans la chambre et qu'il me reconnaisse. C’est sur qu’il ferait le lien et saurait que mon bébé est le sien. Moi, je refuse ce père.

– Oh ma pauvre, tu as vraiment la poisse lui dis-je interloquée.

Soudain Mélanie pâlit, elle se cacha derrière moi, puis me tirant le pull me conduisit dans les toilettes : << vite, vite, il est là ! je l’ai vu entrer dans la clinique cachons nous>>

 

– Mél., il va probablement rester avec elle toute l’après-midi, tu ne vas pas rester aux toilettes ?

– S’il me voit, il va me tuer, en plus il va me questionner sur le père, etc. Je veux plus le voir.

– je monte avec toi, et s’il bronche je m’en occupe, dis-je avec une attitude guerrière

– tu parles ! Il s’en fout, il a pas peur des femmes.

Soudain les chaussons de Mélanie furent couverts d’une eau grisâtre.

, son pantalon corsaire rouge était inondé.

<<tu perds tes eaux Mél>>. Paniquée, j’appelai une infirmière.

Celle-ci dit à Mél. de retourner dans sa chambre qu’elle allait venir la chercher pour mesurer la dilatation du col.

C’est donc angoissé par Akim et par la venue soudaine du bébé que Mél regagna son lit.

J’entrai la première dans la chambre et j’installai le paravent entre les deux lits, de manière à ce que personne ne vît qui allait se coucher dedans.

Akim était prés de sa belle dans le lit du fond prés de la fenêtre et n’y vit que du feu.

C'est alors que l’infirmière rentra en criant: <<madame Brunel, suivez-moi.>>

Mèl fut installé en salle d’accouchement. Je rentrai chez moi.

Le lendemain, je pris des nouvelles par téléphone et j’appris qu’elle avait mis au monde dans la nuit une jolie petite Linda et qu’elle avait demandé une chambre seule à un autre étage.

Je lui rendis visite l’après-midi, les bras chargés de cadeaux et de fleurs. Je pénétrais dans sa chambre, elle était là, toute blanche avec sur le sein un petit bout de nana qui lui attrapait goulûment le téton.

<<déjà à la gamelle m’exclamai je ! C’est bien une Brunel, goinfre comme sa mère ! haha ha dis je en rigolant et en mitraillant la scène avec mon Smartphone. Tu dois être soulagé d’être seule >>

—oh ouiii j’ai eu si peur. Je sortirai de ma chambre que lorsque les visites seront finies. J’ai hâte de rentrer. Ma mère a récupéré mon chat . Elle va venir voir Linda et après demain elle me ramène chez elle.

J’étais heureuse. Ma Mélanie allait pouvoir s’occuper de son bébé en paix. Quant à Akim on ne sut jamais si le nom de Brunel l'avait interrogé, mais il ne fut jamais au courant de l’histoire et ne chercha jamais à la recontacter.

Patricia R

 

 

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